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Pierre et le Loup de Sergueï Prokofiev

Par Claire Alcais • 9 août 2021

Dans la préface de son œuvre Pierre et le Loup composée en 1936, Sergueï prokofiev exprime son souhait d’initier et d’aider les enfants à reconnaître les instruments de l’orchestre, donnant d’emblée un objectif pédagogique à ce conte musical unanimement connu.

 

 

Familiariser le jeune public aux instruments d’un orchestre symphonique

Il écrit en effet : « Chacun des personnages de ce conte est représenté par un instrument de l’orchestre : l’oiseau par la flûte, le canard par le hautbois, le chat par la clarinette staccato dans un registre grave, le grand-père par le basson, le loup par des accords de trois cors d’harmonie, Pierre par le quatuor à cordes, les coups de feu des chasseurs par les timbales et la grosse caisse. Avant l’exécution, il est préférable de présenter ces divers instruments aux enfants et de leur jouer des leitmotivs. De cette façon, ils apprendront sans effort à identifier les différents instruments de l’orchestre. »

À travers la promenade du jeune Pierre qui rencontre l’oiseau, puis joue gaiement sans se soucier du loup, le jeune auditeur découvre tout d’abord la présentation des sept personnages qui apparaissent dans cet ordre : Pierre (les instruments à cordes), l’oiseau (la flûte traversière), le canard (le hautbois), le chat (la clarinette), le grand-père (le basson), le loup (les cors) et enfin les chasseurs (percussions).

Dès l’arrivée du loup l’harmonieux équilibre musical que formaient les animaux est rompu. Au moment où le loup avale le canard, et où Pierre l’attrape grâce à son ingéniosité, le drame s’accentue. Prokofiev illustre enfin sa morale avec l’entrée sur la scène musicale des chasseurs : le courage et la ruse de Pierre sont supérieures à la violence des chasseurs, ce que la marche triomphale finale développe avec des cuivres sur le thème musical de Pierre.
Un récitant, 1 flûte, 1 hautbois, 1 clarinette, 1 basson, 3 cors, 1 trompette, 1 trombone, timbales, cymbales, caisse claire, grosse caisse, triangle, tambour de basque, castagnettes violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses composent l’instrumentation du conte où les animaux parlent, comme dans les fables de La Fontaine, et possèdent leur caractère : le chat est fier et lent, l’oiseau est vif et moqueur.

Un compositeur à l’écoute des enfants

« Pierre et le Loup est un cadeau non seulement pour les enfants de Moscou, mais aussi pour les miens », dira Prokofiev, alors père d’un garçon de 7 ans. Serge Prokofiev a ainsi inventé un langage musical original et néanmoins accessible à tous. Ses opéras, ballets, symphonies, concertos, mélodies et pièces pour piano sont singuliers, mais aucune œuvre n’est devenue aussi célèbre que le conte de Pierre et le Loup.

À l’origine, ce sont des spectacles du Théâtre Central pour Enfants de Moscou qui lui inspireront en 1935 la création de Douze Pièces enfantines pour piano op. 65. Et en 1936, la directrice du Théâtre Central lui propose de composer un conte symphonique pour enfants, ce que Prokofiev réalisera en une seule semaine avec Pierre et le Loup !

De nombreuses versions de comédiens et de chanteurs célèbres récitant Pierre et le Loup se sont succédées : Gérard Philippe (1956), Fernandel (1959), Claude Pieplu (1965), Jacques Brel (1970), David Bowie (1978), Charles Aznavour (1990), Jacques Higelin (1984), Olivier Saladin et François Morel (1995), Jean Rochefort (2002), Michel Galabru, Smaïn (2004), Valérie Lemercier (2007)